PHARES… ne couper pas… par Jean-Jacques RAULT
Avec le développement des nouveaux moyens de navigation par satellite, la question du devenir du balisage et des phares est posée par certain. La politique de rigueur a déjà sévi sur le service des Phares et Balises et nombreux sont ceux qui veulent abandonner l’entretien des phares et balises qui signalent les dangers des cotes françaises. Le GPS devenant la panacée oubliant que ce système de navigation onéreux est aux mains de l’armée américaine qui peut en quelques minutes dégrader le système comme c’était le cas avant mai 2000. Le système européen Galileo a englouti des milliards d’euro et n’est toujours pas en service et pour longtemps.
Un peu d’histoire
Pendant des siècles la navigation côtière a été particulièrement dangereuse du fait de l’absence de carte fiable et de balisage des dangers. L’ancêtre du service des phares et balises sera créé par une loi du 15 septembre 1792 de la toute jeune Assemblée Nationale en pleine Révolution Française. Mais pour implanter ces phares et balises encore faut-il connaitre parfaitement la position des dangers c’est-à-dire cartographier les côtes françaises. Ce travail est confié à l’ingénieur hydrographe Beautemps-Beaupré en 1816. Pendant 27 ans ce savant ingénieur va se consacrer à « hydrographier » les cotes française avec au départ deux voiliers et deux chalands à voiles. Le 9 septembre 1825 la commission des phares adopte son programme général d’éclairage des côtes de France. Il faudra plusieurs décennies pour construire les phares nécessaires à la navigation le long des côtes françaises. La construction de certains phares en mer comme celui d’Armen par exemple au bout de la chaussée de sein commencé en 1867 va durer quatorze ans. On a peine à imaginer les difficultés inouïes rencontrées pour ériger ces phares alors que les bateaux ne se déplaçaient qu’à la voile et que tout ce faisait à la main. Beaucoup de ces phares ont été détruits à la fin de la dernière guerre par les allemands et il fallut les reconstruire.
Alors que dans les années 1950 on parlait des phares espagnols comme des feux gris à éclats noirs, la France était particulièrement bien équipée en phares et balises, feux et signaux sonores.
Aujourd’hui au nom des progrès techniques et des restrictions budgétaires on a supprimé les signaux sonores sur les bouées et les phares. Depuis 2000 tous les phares sont automatisés et n’ont donc plus de gardiens permanents. La conséquence en est leur dégradation du aux attaques de la mer et au vandalisme. Pour moi qui navigue en Bretagne Nord, je ne compte plus le nombre de tourelle qui ont disparue emporté par les tempêtes hivernales. Elles sont remplacées par des perches beaucoup moins visible et qui sont régulièrement arrachées par la mer.
La très sérieuse Cour des Comptes dans un référé de 7 février 2013 craint la dégradation des 250 phares de France. D’ores et déjà l’Etat a vendu les constructions supports des feux à des particuliers ou des communes ne gardant l’entretien que du feu. En 2011, l’Etat a annoncé le transfert d’une soixantaine de phares au conservatoire du littoral ou aux collectivités locales qui n’en ont pas véritablement les moyens de les entretenir.
Pourtant l’exemple étranger devrait nous rendre prudent, il a en effet été constaté que les phares cédés à des propriétaires privés se sont dégradés. La Cour des Comptes estime que l’usage des phares et balise doit subsister encore au moins une dizaine d’années.
Souhaitons que longtemps encore émergeant de la brume ou de la nuit noire le feu ou la silhouette d’une tourelle viennent nous rassurer sur notre navigation ...